Les mécanismes d‘acclimatation
Les mécanismes d'acclimatation
Les mécanismes d'acclimatation à court terme
Pour se protéger du chaud ou du froid, les animaux possèdent des réflexes qu‘il est important d‘observer et de connaître pour mieux évaluer leurs éventuelles difficultés.
L‘activité physique
L‘activité musculaire produit de la chaleur. Tout comme une personne qui a froid sautille pour se réchauffer, un animal qui a froid effectue divers mouvements.
Au contraire, un animal qui a chaud limite ses activités physiques pour ne pas produire davantage de chaleur. En période de canicule, les animaux qui travaillent, comme les chevaux sont donc particulièrement exposés à un risque de coup de chaleur.
Les frissons
Les frissons résultent de la contraction rapide, involontaire et rythmique des muscles. Cette réaction vise à réchauffer l‘organisme. Un animal qui tremble a froid et des mesures doivent être prises pour le protéger des basses températures car les frissons peuvent conduire rapidement à un état d‘épuisement.
Lorsque le temps est clément et qu‘un animal grelotte, cela signifie qu‘il est victime d‘une intoxication ou d‘une pathologie.
La modification du comportement
Selon qu‘il a trop chaud ou trop froid, un animal adapte son comportement. Par exemple, lorsque les températures sont élevées, un animal cherche un endroit à l‘ombre et aéré, évite les contacts corporels avec ses congénères, ou s‘allonge de tout son long sur un sol frais, etc.
Au contraire, lorsqu‘il a froid, un animal cherche un lieu à l‘abri du vent et de la pluie tel qu‘un rocher ou une rangée d‘arbres, un sol raisonnablement sec et adopte plutôt une posture de repli sur lui-même. Il cherche à se blottir auprès de ses congénères.
L‘horripilation
Lorsqu‘un animal a froid, ses poils se dressent. Ce mécanisme correspond à la chair de poule chez l‘être humain. Se constitue ainsi une couche d‘air entre la peau et le pelage, qui sert d‘isolant. Le pelage est également graissé à l‘aide des glandes sébacées qui se trouvent à la base de chaque poil, ce qui permet de l‘imperméabiliser. Les oiseaux eux, se mettent en boule.
Lorsqu‘il fait chaud, le pelage et le plumage restent plaqués et servent d‘isolant qui protège de la chaleur.
Les mécanismes de régulation sanguine, la vasoconstriction et la vasodilatation
Lorsqu‘un animal a trop chaud, le diamètre des vaisseaux sanguins à la surface de la peau est augmenté (vasodilatation) de façon à favoriser la circulation des flux sanguins là où les déperditions thermiques sont les plus importantes. Ceci facilite la dissipation de la chaleur.
Lorsqu‘un animal a froid, le diamètre des vaisseaux sanguins à la surface de la peau est diminué de façon à réduire les flux sanguins là où les déperditions thermiques sont les plus élevées. Ceci permet de limiter les pertes de chaleur.
La sudation
La sudation permet de dissiper de la chaleur par évaporation. Ce mécanisme n‘est utilisé que par certains animaux d‘élevage. Les oiseaux ne suent pas du tout, ni les porcs ou les lapins. Par contre, les bovins et les chevaux transpirent.
L'halètement
Certains animaux ne suent pas mais, lorsqu‘ils ont trop chaud, halètent. C‘est le cas des oiseaux. D‘autres, comme les bovins, sont en mesure à la fois de suer et d‘haleter. Ce mécanisme permet de favoriser l‘évaporation d‘eau par les voies pulmonaires grâce à l‘augmentation de la fréquence respiratoire. La langue qui pend facilite la dissipation de chaleur, car elle est humectée par les muqueuses qui la recouvrent. L‘eau qui s‘évapore ainsi refroidit les vaisseaux sanguins qui irriguent abondamment la bouche de l‘animal.
L'alimentation
La digestion et l‘assimilation des aliments dégagent de la chaleur. Un animal qui vient de recevoir sa ration est donc plus en mesure d‘affronter des basses températures. Certains aliments dégagent davantage de chaleur que d‘autres. Par exemple, les herbivores qui doivent affronter un froid intense doivent recevoir une ration riche en fibre, telle que du foin, car la fermentation des fibres est lente et dégage beaucoup de chaleur. Pour autant, la part d‘aliments énergétiques (céréales, tourteaux, protéagineux etc.) doit également être augmentée pour compenser les dépenses de l‘animal pour produire de la chaleur, sans quoi il puise dans ses réserves corporelles.
Les mécanismes d‘acclimatation à moyen terme
Certains processus physiologiques permettent à un animal de s‘adapter à des variations climatiques. L‘acclimatation peut nécessiter plusieurs jours, voir plusieurs semaines. Elle permet notamment aux animaux d‘affronter les changements de saisons.
Un animal acclimaté peut supporter des températures très basses ou très élevées, alors qu‘un individu non acclimaté, appartenant à la même race et espèce, pourrait ne pas les supporter.
La modification de l'état du pelage et du plumage
Lorsque la mauvaise saison approche, le pelage devient plus long et le duvet plus dense. Généralement, la couleur du pelage se fonce afin de mieux retenir la chaleur. Au contraire, avec l‘arrivée de la belle saison, les poils sont plus courts et la couche de sous poils devient moins dense. Le pelage s‘éclaircit afin de réfléchir les rayons du soleil.
La variation de l'épaisseur de la couche de graisse
Les animaux ont la capacité de stocker les surplus de nourriture qu‘ils ingèrent sous forme d‘amas graisseux. Ces réserves leur permettent normalement de faire face aux périodes de disette. Les tissus adipeux sous cutanés ont également pour fonction de protéger du froid, car la graisse est un bon isolant. Un animal bien en chair est plus en mesure d‘affronter le froid qu‘un animal maigre. Par contre, un animal gras supporte plus difficilement les fortes chaleurs car il a plus de difficultés pour dissiper sa chaleur corporelle.
La modification du métabolisme
Un animal qui est exposé de façon régulière à des basses températures augmente progressivement, grâce à divers processus physiologiques et hormonaux, son activité métabolique. Il augmente sa capacité à dégrader des aliments et ses tissus adipeux, ce qui lui permet de produire davantage de chaleur. La quantité d‘aliments consommés augmente de pair.
Lorsqu‘il a chaud, au contraire, l‘animal réduit son activité métabolique, ses prises alimentaires et stocke les surplus de nourriture sous forme d‘amas graisseux.
Les mécanismes d‘acclimatation à long terme
La domestication des animaux a commencé il y a 12 000 ans avec le chien. Depuis, de nombreuses races sont apparues du fait d‘une sélection naturelle et d‘une sélection artificielle faite par l‘homme.
La sélection naturelle a eu lieu du fait que bon nombre d‘espèces domestiquées ont progressivement occupé des territoires éloignés de leurs berceaux d‘origines ; pour survivre, elles ont du s‘adapter à des environnements aux caractéristiques variées et offrant parfois des conditions de vie très rudes. Les individus qui avaient le plus de chance de se reproduire et de survivre se sont adaptés aux conditions climatiques locales, au type de sol et à sa végétation ; une bonne résistance aux maladies endémiques était aussi un atout important. Lorsqu‘une variation morphologique, physiologique ou comportementale apparaissait chez un individu, elle avait toutes les chances de persister dans sa descendance si elle offrait un avantage particulier pour sa survie.
Depuis, l‘homme a déplacé de nombreuses races là où sans sa protection elles ne pourraient pas survivre, du fait notamment d‘un climat inadapté.
C‘est la raison pour laquelle, lorsque l‘on s‘inquiète des conditions de détention d‘animaux domestiques, il est important de déterminer les races auxquelles ils appartiennent. Un animal appartenant à une race rustique pourra sans grandes difficultés passer l‘hiver à l‘extérieur, alors qu‘un autre animal appartenant à la même espèce mais dont la race est moins apte à se protéger du froid pourrait ne pas supporter des conditions climatiques trop rudes.
La loi de Bergmann
La loi de Bergmann, qui porte le nom du biologiste allemand du XIX siècle, Carl Bergmann, qui l‘a découverte, a pour théorie que plus les individus d‘une espèce s‘écartent de l‘équateur et peuplent des régions plus proches des pôles, plus leur ratio volume/surface est important. En d‘autres termes, plus une espèce s‘approche de régions froides, plus apparaîtront des sous-espèces au sein de cette espèce qui grandiront en taille et en volume.
Ce phénomène s‘explique par le fait que c‘est surtout par la peau que s‘effectuent les échanges thermiques et donc les déperditions de chaleur. Au sein du corps, il y a une inertie thermique. Or, un volume augmente plus vite que sa surface.
De plus, un animal plus gros a également davantage de cellules. Or, chaque cellule produit de la chaleur. Un animal qui grossit en taille augmentera donc sa production de chaleur corporelle.
En augmentant son volume, un animal peut donc augmenter sa production de chaleur tout en limitant proportionnellement ses déperditions thermiques via la surface de son corps. Lorsqu‘il est exposé à de basses températures, ceci augmente ses chances de survie.
Au contraire, lorsqu‘il vit dans des régions chaudes, un animal doit être en mesure d‘évacuer le surplus de chaleur afin de refroidir son corps. Dans ce cas, une surface corporelle importante est un atout car elle favorise les déperditions thermiques. De même, une masse corporelle d‘un volume moindre limite la production de chaleur liée au métabolisme, augmentant ainsi ses chances de survie.
Ainsi, dans la famille des ours, l‘ours blanc qui vit au pôle Nord est le plus grand ; il peut mesurer jusqu‘à 2,6 mètres et peut peser jusqu‘à 800 kg, alors que le plus petit des ours, l‘ours malais, que l‘on peut trouver dans les forêts tropicales du sud-est de l‘Asie, mesure au maximum 1,40 m et pèse au maximum 90 kg.
Chez les manchots, le manchot empereur est le plus grand des espèces connues. Il mesure 1,20 mètre et pèse 45 kg. Il vit dans les régions Antarctiques alors que le manchot pygmée vit sur les côtes sud de l‘Australie et de la Nouvelle Zélande. Il mesure environ 40 cm et pèse 1,2 kg.
La loi d'Allen
De plus, dans les régions chaudes, les animaux ont tendance à avoir des extrémités plus longues et pointues (les oreilles, les pattes, les ailes, les bras) et ont un corps plutôt allongé de façon à augmenter leur surface corporelle et ainsi évacuer davantage de chaleur. Au contraire, là où le climat est froid, les animaux ont généralement un corps compact, des extrémités courtes et sans prolongations, afin de limiter les pertes de chaleur, ce qui limite également les risques de gelure. Cette règle est connue sous le nom de loi d‘Allen, en hommage au naturaliste du 19ème siècle Joà«l Allen qui l‘a formulée.
Cette règle est illustrée par les graphiques ci-contre, qui montrent qu‘une boîte du même volume peut voir sa surface augmenter selon qu‘elle soit plus ou moins compacte.
Ainsi, le renard arctique fait face au froid grâce à des pattes très courtes, des petites oreilles, un petit museau et un pelage très dense. Au contraire, le fennec du désert, le plus petit des renards, a des grandes oreilles qui sont très irriguées par des vaisseaux sanguins. De même, le lièvre Arctique est celui qui a les plus petites oreilles au sein de son espèce, alors que le lièvre Antilope, qui vit dans le désert de l‘Arizona, a des oreilles qui peuvent mesurer plus de 17 cm. L‘éléphant d‘Afrique est l‘animal sur terre qui a les plus grandes oreilles. Elles peuvent mesurer jusqu‘à 2 m2 ; elles sont fortement irriguées en vaisseaux sanguins, et aident ainsi l‘animal à refroidir son corps.
En résumé, les animaux qui vivent dans les régions froides ont donc tendance à être plus gros et massifs avec un aspect ramassé et de courtes extrémités, alors que ceux qui vivent dans les régions chaudes sont de plus petite taille, sont plus fins et leur corps ont des extrémités plus étendues.
Les lois de Bergmann et d'Allen s'appliquent-elles aux animaux d'élevage ?
Oui, c‘est souvent le cas lorsque l‘homme n‘est pas trop intervenu dans le processus de sélection naturelle. Bon nombre de races d‘animaux d‘élevage sont issues d‘un long processus d‘adaptation à des conditions climatiques et à un environnement particulier.
Ainsi, chez le cheval, le pur sang arabe est bien plus fin qu‘un cheval de trait.
En Afrique, les races de porcs locales sont petites et longilignes.
La chèvre nubienne a de grandes oreilles tombantes et fines ; tout comme celles de l‘éléphant, elles sont fortement irriguées en vaisseaux sanguins, elles peuvent ainsi refroidir le sang du corps.
Beaucoup de vaches africaines, telles que celles appartenant à la race Sanga, ont des cornes longues et larges. Les vaisseaux sanguins qui y circulent aident à la dissipation de chaleur en excès dans le corps.
Les zébus ont de grandes oreilles, un fanon très développé et parfois une peau très plissée qui assurent une plus grande déperdition thermique.
La plus grande des chèvres est la Markhor. Elle vit dans l‘Ouest de l‘Himalaya, de 400 à 8000 m d‘altitude. Elle peut mesurer jusqu‘à 1,80 m. La plus petite des chèvres est la chèvre pygmée. Elle est originaire d‘Afrique de l‘ouest et pèse au maximum environ 40 kg.
Mais un animal plus gros n'a-t-il pas besoin de manger davantage ?
Effectivement, un animal plus large a également besoin de davantage de nourriture pour survivre. Si celle-ci est rare, l‘espèce s‘adapte en réduisant sa taille. En fait, il atteindra une taille tenant compte de tous les paramètres qui optimiseront ses chances de survie. C‘est peut-être la raison pour laquelle les derniers mammouths étaient nains. Leur taille se serait réduite avec la raréfaction progressive de leur nourriture, due au réchauffement climatique. Les derniers survivants auraient vécu sur la petite île de Wrangel, au large de la Sibérie. Le poney s‘est adapté de la même façon à un environnement où l‘herbe est maigre, la nourriture rare et le climat hostile. Ce petit cheval (moins d‘1,48 m au garrot) est généralement originaire du nord de l‘Europe. Citons pour exemple le Shetland qui vit depuis la nuit des temps au nord de l‘Ecosse, sur les îles dont il a pris le nom. Il ne mesure pas plus de 107 cm. Le Fjord, lui, est originaire de Scandinavie le berceau de sa race étant le sud ouest de la Norvège. Sa taille moyenne est de 1,45 m. Beaucoup de poneys sont également originaires de zones de montagnes, de zones marécageuses, des landes, etc., où les conditions de vie sont difficiles. Remplacer la photo par un poney Fjord dans la neige ou autre.
De même, la race bovine Jersiaise est originaire de l‘île de Jersey, où elle vit depuis plus de 1 000 ans. La végétation y est pauvre, ce qui explique la petite taille de cette race. La vache Jersiaise mesure 123-125 cm au garrot et pèse 400 kg.